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Transposer les découvertes de la recherche, du laboratoire aux patients : trouver des remèdes pour les bébés prématurés atteints de difficultés respiratoires

Le Dr Bernard Thébaud se rappelle encore de la fois où il a dû annoncé à une mère que son bébé prématuré se mourait d’une maladie pulmonaire, et qu’elle lui a demandé : « N’y a-t-il pas quelque chose que vous puissiez faire pour mon bébé? ».

« C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il fallait que je transpose plus rapidement les résultats de la recherche du laboratoire aux traitements pour les patients », raconte le Dr Thébaud, néonatologiste au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEEO) et scientifique principal aux Instituts de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et du CHEEO.

Le nourrisson avait une maladie génétique appelée « déficit en protéine B du surfactant ». À l’intérieur des poumons, la surface des minuscules sacs d’air (alvéoles) par où l’oxygène entre dans la circulation sanguine et le dioxyde de carbone en ressort, est recouverte d’une mince couche composée d’un surfactant pulmonaire.

Le surfactant pulmonaire prévient l’affaissement des alvéoles et joue un rôle dans la défense des poumons contre les bactéries et virus. Les poumons commencent à produire du surfactant à environ 24 semaines de grossesse, et cela en quantité suffisante à compter de 35 semaines. Or certains bébés héritent d’une mutation génétique entraînant un manque partiel ou complet de la protéine B du surfactant. Même si on leur administre un surfactant artificiel et qu’on les relie à un ventilateur (appareil respiratoire), le pronostic est sombre : plusieurs meurent dans les premiers mois.

Il n’existe pour le moment aucun remède contre ce déficit. Le seul traitement efficace est une greffe de poumon – mais des recherches en laboratoire s’avèrent prometteuses.

La recherche du Dr Thébaud sur le déficit en protéines du surfactant a le potentiel de sauver les vies de nourrissons à travers le monde, en plus de conduire à des découvertes pour d’autres maladies incurables comme la fibrose kystique.

Des cellules pulmonaires à partir de cellules souches

En décembre 2014, le Dr Thébaud a reçu des fonds de l’Association pulmonaire pour approfondir sa recherche afin de développer des thérapies à base de cellules souches pour les patients atteints de maladies pulmonaires incurables. Il mettra à contribution des cellules souches pluripotentes induites (CSPI) pour fabriquer des cellules pulmonaires. « Si nous pouvons recréer des cellules pulmonaires à partir de cellules souches dans une boîte de Pétri, nous pourrons mieux comprendre la maladie, corriger la mutation et, idéalement, redonner ces cellules saines au bébé. »

« Une autre thérapie prometteuse à base de cellules souches que nous envisageons consiste à utiliser des cellules souches de cordons ombilicaux pour traiter la maladie pulmonaire chronique chez les prématurés, aussi appelée « dysplasie bronchopulmonaire » (DBP) – une maladie dévastatrice n’ayant pas de remède. Nous avons démontré que ces cellules peuvent guérir les poumons, chez des bébés rats exposés à une forte dose d’oxygène », poursuit le Dr Thébaud, qui est également professeur de pédiatrie à l’Université d’Ottawa, où il est titulaire de la Chaire de recherche en partenariat en médecine régénératrice.

« Notre recherche a le potentiel de livrer une thérapie avant-gardiste qui améliorera non seulement la santé pulmonaire, mais aussi les résultats de santé généraux des bébés prématurés. À terme, nos observations pourraient s’appliquer à d’autres maladies pulmonaires comme l’asthme, la fibrose kystique ou le syndrome de détresse respiratoire aiguë. »

« L’optimisation de cette source idéale de cellules réparatrices révélera également son potentiel pour les maladies chez les adultes », signale le Dr Thébaud.

Potentiel accru des thérapies à base de cellules souches pour d’autres maladies pulmonaires

Le Dr Thébaud et son équipe de recherche ont été les premiers à constater que des cellules souches de la moelle osseuse et des cordons ombilicaux, appelées « cellules stromales mésenchymateuses » (CSM), pouvaient prévenir et réparer des lésions pulmonaires néonatales expérimentales.

« Nous avons observé que, contrairement à la croyance populaire, le remplacement cellulaire n’est pas le principal mécanisme par lequel ces cellules exercent leur bienfait thérapeutique. Les CSM agissent plutôt en sécrétant des facteurs qui protègent les cellules pulmonaires et permettent la réparation des poumons après une lésion, dans des modèles animaux de lésion pulmonaire néonatale, d’asthme et de syndrome de détresse respiratoire aiguë. Nous sommes sur le point de transposer nos découvertes dans le contexte clinique : des essais cliniques de phase I sont prévus pour la fin de 2015. »