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Marcel Lemire

Marcel Lemire

Mes premiers indices ont été la toux et la respiration sifflante persistantes. En mars 2005, j’avais complété 17 marathons et je jouais au hockey depuis plus de 32 ans. J’étais en très bonne forme. Mais j’ai su que quelque chose n’allait pas quand j’ai commencé à m’entraîner pour le marathon de juin 2005. Je toussais et j’avais toujours la respiration sifflante.
Je ne faisais pas d’asthme lorsque j’étais enfant, et je n’ai jamais fumé. Je suis allé voir mon médecin, qui m’a fait passer des tests d’allergies, mais ils n’ont rien révélé. C’est alors qu’il a commencé à me questionner sur mon milieu de travail.
J’ai travaillé pour une importante laiterie du Manitoba pendant plus de 17 ans. Les neuf dernières années, j’y opérais une machine qui remplissait des contenants de produits laitiers. Avant que chaque contenant soit rempli, une fine brume désinfectante était vaporisée.
J’ai respiré cette substance chimique pendant des années, sans aération adéquate ni équipement protecteur. Après plusieurs examens, mon médecin a déterminé que je faisais de l’asthme professionnel.
Le produit chimique que j’avais respiré pendant plusieurs années a causé des dommages permanents à mes poumons. Mon médecin dit que j’ai perdu 26 % de ma capacité pulmonaire. Mes seuls moyens de protection étaient un sarrau et des lunettes de sécurité. Pas de masque, pas de ventilateur. L’édifice où je travaillais datait de 97 ans et les murs étaient épais d’un mètre. La ventilation était un sérieux problème.
J’ai été en congé de maladie pendant 14 mois. À mon retour, j’ai été transféré à un poste de bureau pendant six mois. Par la suite, mon employeur n’était plus disposé à m’accommoder dans mon choix de poste. J’ai donc démissionné.
Avant, je courais des marathons. Maintenant, je trouve difficile de pelleter de la neige ou de monter un escalier, et je ne peux plus pratiquer mes sports préférés. Ma qualité de vie a changé énormément.
J’ai lutté pendant quatre ans pour que mon employeur reconnaisse que mon affection était de l’asthme lié au travail. Après m’être fait refuser sept demandes de compensation, je suis en négociation avec la Commission de la santé au travail en vue d’une entente finale.
Je suis maintenant adjoint à l’éducation, et ça me plaît. Mais je m’inquiète pour les travailleurs exposés à quelque chose dans leur milieu de travail, et qui risquent d’avoir des dommages permanents aux poumons.
Si j’avais un seul conseil à donner à ces travailleurs, je leur dirais : soyez au courant de toutes les substances avec lesquelles vous travaillez. Si vous n’avez pas de comité de la santé et de la sécurité au travail, soyez proactif. Informez-vous des risques, et protégez-vous. Ça m’est arrivé et ça pourrait vous arriver aussi.